La vie de Nataliia bascule le 24 février 2022, jour de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Habitant près de Kherson, elle fuit la guerre très rapidement avec sa famille. Ils rejoignent la France, et leur chemin croise celui d’une reignerande qui se propose de les aider.
« Je dois tout réapprendre »
Dès leur arrivée sur la commune, au mois de mars 2022, la solidarité s’organise. La priorité est la mise à l’abri de cette famille. Un logement est trouvé par la municipalité et un accompagnement est mis en place. C’est ainsi que Natalia, son fils de 13 ans, ses parents, sa sœur et sa nièce vivent à présent à Reignier-Esery.
Nataliia avait une vie plutôt aisée. 45 ans, mariée, elle est professeur d’anglais au lycée de sa ville. Le jour où la guerre est déclarée, c’est un choc. Nul n’osait l’imaginer possible. « Ça a été difficile de prendre la décision de partir. De tout quitter. De partir sans savoir si on sera accueilli quelque part. J’avais peur. Durant tout le trajet de notre exil, j’ai douté ».
Depuis son arrivée en France, elle doit tout réapprendre. Pour elle, mais aussi pour son fils et ses parents. Une fois par semaine, elle va au cours de français donné par des bénévoles du Secours Catholique. « Je veux travailler, donc j’ai la volonté d’apprendre le français ». Natalia veut être autonome. Et parler français, est une condition pour un emploi qui lui permettrait de subvenir aux besoins de sa famille. En attendant, elle travaille quelques heures par jour dans une école. Et n’ayant pas un tempérament à rester les deux pieds dans le même sabot, elle donne son temp comme bénévole aux amis de la Conciergerie.
« C’est incroyable l’aide que l’on a reçue »
La famille de Natalia a bénéficié d’un accompagnement de la part des services municipaux, mais aussi d’associations : une aide pour toutes les démarches administratives, pour la scolarité des enfants, des dons de produits de première nécessité, de nourriture et de vêtements. Sans cela la vie est impossible. Une autre aide a été essentielle ; celle d’être écoutée, et entendue. Les deux premiers mois ont été très durs. Natalia a vécu en état de choc, le résultat du refus de la réalité. Elle n’arrivait pas à croire ce qu’elle vivait. Aujourd’hui, elle est très reconnaissante envers tous ceux qui les ont aidés et qui sont là pour eux.
« C’est difficile de savoir quelle décision est la meilleure »
Aujourd’hui, après plus d’une année d’exil, elle sait qu’elle a fait le bon choix. Celui de mettre sa famille à l’abri. Son mari est resté là-bas. Comme tous les hommes de moins de 60 ans, il est mobilisé. Elle réussit à le joindre tous les deux jours. Il est en vie, c’est l’essentiel. Pour ce qui est de demain, elle ne sait pas ce qu’elle fera. « C’est trop difficile de se projeter. On prend les décisions pour l’instant présent. Je pense surtout à mon fils. Il continue les cours à distance avec l’Ukraine. Il a classe ici au collège et tous les vendredis après-midi, il a des cours de français. Est-ce que je dois envisager, pour lui, l’avenir en Ukraine ou ici. Je suis dans l’incapacité de dire quel est le meilleur des choix. En tout cas c’est difficile pour lui, car la barrière de la langue est un véritable frein ».
Natalia, réfugiée ukrainienne trouve sa force dans sa responsabilité de mère et de fille ; elle trouve son courage dans son envie d’avancer. Elle doit faire face à de nombreux défis dans sa vie quotidienne. « Mais je sais, que je suis bien entourée, et c’est une chance incroyable. Tout le monde est tellement gentil avec nous. »